Le CEREFIGE a le plaisir de vous annoncer que Frédéric Bonin soutiendra sa thèse de Doctorat, préparée sous la direction du Pr Benoît Grasser et de Meriem Fournier le vendredi 22 décembre 2023 à 09h30 (Maison de la Recherche, salle des séminaires – Nancy) :
« L’enchâssement : quelles contraintes pour l’évolution des routines organisationnelles en contexte de grands
défis ? Le cas de la planification forestière«
Le jury sera composé de Frédérique Chedotel (Université d’Angers, rapporteur), Ewan Oiry (Université du Québec Montréal, rapporteur), Thierry Colin (Université de Lorraine, examinateur), Maya Leroy (AgroParisTech, examinateur), Nathalie Raulet-Croset (Université Paris 1 Panthéon Sorbonne, examinateur), Julien Bouillie (ONF, invité).
Résumé :
Nous interrogeons la capacité d’adaptation des routines organisationnelles face aux grands défis. La littérature des routines dynamiques souligne que l’enchâssement de ces dernières est un facteur limitant à leur réinvention, particulièrement en contexte complexe, ambigu, incertain et prolongé. Nous nous saisissons alors de la problématique suivante : comment une routine peut elle amener à penser et agir hors de son enchâssement en contexte de grands défis ? Pour y répondre, nous mobilisons le concept de compétence collective, en tant que capacité d’un collectif à faire face à des situations complexes, pour apporter un angle de recherche différent mais complémentaire aux routines dynamiques. Empiriquement, nous appréhendons un cas original mais emblématique des situations de grands défis : la routine de planification forestière face aux défis climatiques et sociétaux. Nous étudions trois situations de forêts domaniales confrontées au renouvellement local de la planification forestière. Les données primaires et secondaires recueillies issues de ces terrains suivent ensuite une analyse qualitative. Nos résultats mettent en avant que l’évolution de la routine de planification forestière en contexte de grands défis s’initie d’abord par un processus de « désenchâssement ». Si celui ci permet de se détacher des contraintes de l’enchâssement original, il n’apparait pas suffisant pour réinventer la routine. Complémentairement, c’est l’émergence d’une compétence collective qui va permettre une telle recomposition. Celle-ci s’initie par la constitution progressive d’attributs (référentiel commun, langage partagé, mémoire collective et engagement subjectif), s’apparentant ainsi à un processus de performing. Constitués, ces attributs s’instituent en compétence collective et forment désormais un nouveau modèle d’action, s’apparentant ici au processus de patterning. Ce faisant, nous offrons une explication de la processualité de ces dernières. C’est, ensuite, au moyen du cadre original de rythmanalyse que nous présentons la recomposition de la routine de planification forestière. Face à la volatilité des rythmes écologiques, perturbés sous l’effet du changement climatique, les acteurs explorent des modalités d’action plus agiles, apte à « faire avec » la volatilité, qui, in fine, se constituent en nouveau modèle d’action. Nos recommandations managériales portent d’abord sur la manière de motiver le changement face aux grands défis : ce ne sont pas les pratiques, ni même leur enchâssement, qui serait « mauvais » en soi, mais c’est le contexte qui a changé et, parce qu’il a changé, appelle de nouvelles pratiques. Pour favoriser l’émergence de ces dernières, nous soulignons l’importance d’offrir toute l’amplitude possible à l’expression du « performing » des routines, comme des compétences. Symétriquement, capitaliser ces acquis appelle en retour une démarche de patterning, instituant les initiatives développées en modèles d’action. Pour finir, nous recommandons de tendre vers une « gouvernance forestière partenariale et territorialisée » où se codéciderait la planification. Soulignons que le coportage de la planification avec une collectivité territoriale est également l’occasion d’accéder à des ressources supplémentaires.