Soutenance de thèse de Birénam GNASSINGBE-ESSONAM

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  • Publication publiée :28 novembre 2025
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Le CEREFIGE a le plaisir de vous annoncer que Birénam GNASSINGBE-ESSONAM soutiendra sa thèse de Doctorat, préparée sous la direction du Pr Chicot EBOUElundi 8 décembre 2025 à 14h00 en Salle des Thèses, Bâtiment A, 1er étage, Salle A 105 Faculté de Droit Sciences économiques et Gestion (13 Place Carnot) à Nancy.

« Intégration régionale par l’électricité en Afrique Subsaharienne : le cas du système d’échange d’énergie électrique de l’Afrique de l’Ouest (EEEAO) »

Le jury sera composé de Marc RAFFINOT (Université Paris-Dauphine – PSL), Mathieu LLORCA (Université  Bourgogne Europe), Latifa LANKAOUI (Université Mohamed V Rabat), Florence LEGROS (ICN Business School), Blaise GNIMASSOUN (Université de Lorraine) et Chicout EBOUE.

Résumé :

La présente thèse examine le rôle stratégique de l’électricité dans la croissance économique et l’intégration régionale en Afrique subsaharienne, région qui demeure la moins électrifiée au monde, malgré un potentiel énergétique considérable.

À travers une approche pluridisciplinaire associant analyse structurelle, modélisation économétrique et comparaison institutionnelle, la recherche explore comment le développement du secteur électrique peut soutenir la transformation économique du continent. Le premier axe dresse un diagnostic approfondi du secteur de l’électricité. Il met en évidence la persistance d’un déficit structurel marqué par la vétusté des infrastructures, l’insuffisance d’investissement, la sous-tarification chronique et la faible viabilité financière des compagnies. À cela s’ajoutent des pertes techniques élevées, un faible recouvrement des recettes et une gouvernance institutionnelle défaillante. Côté demande, la pauvreté des ménages, les coûts élevés de raccordement, la mauvaise qualité du service et la précarité des habitats limitent l’adoption de l’électricité. Ces contraintes cumulées entretiennent un cercle vicieux où la rareté de l’énergie freine la productivité, la compétitivité et l’amélioration du bien-être social. Le deuxième axe étudie empiriquement la relation entre la consommation d’électricité et la croissance économique à l’aide d’un modèle de panel dynamique couvrant 48 pays subsahariens (1994–2023). Les résultats montrent que la consommation d’électricité exerce un effet positif et significatif sur le PIB par habitant, confirmant le rôle moteur de l’énergie dans la croissance. Une hausse de 1% de la consommation accroît le PIB d’environ 0,5%. Toutefois, cette relation demeure hétérogène : elle est forte et significative dans les pays à revenu intermédiaire inférieur, mais faible et non significative dans les pays à revenu faible, en raison des déficits d’infrastructure et de gouvernance. Les déterminants de la demande d’électricité sont la croissance économique, l’ouverture commerciale, la qualité institutionnelle, le développement financier et les infrastructures. Le troisième axe adopte une perspective comparative à travers un benchmarking des pools énergétiques que sont le Southern African Power Pool (SAPP), le Nord Pool européen et le Mercado Eléctrico Regional (MER) d’Amérique centrale selon le cadre d’analyse d’Elabbas et al. (2023). Cette comparaison révèle que la performance des pools dépend de quatre dimensions : la gouvernance organisationnelle, les contraintes de conception technique, la structure du marché et les moteurs de changement. Le Nord Pool illustre le modèle le plus abouti, grâce à une régulation indépendante et à une forte intégration institutionnelle, tandis que le SAPP et le MER demeurent limités par des disparités structurelles et la dépendance à la volonté politique des États membres. Enfin, le quatrième axe, centré sur le West African Power Pool (WAPP), analyse les effets des échanges transfrontaliers sur l’intégration régionale. Créé en 1999 par la CEDEAO, le WAPP a permis une amélioration des interconnexions régionales (70% en 2023) et une hausse des échanges d’électricité (1 200 GWh en 2010 à 4 500 GWh en 2023). Ces avancées traduisent une meilleure utilisation des capacités de production et une stabilisation relative des réseaux. Toutefois, la dépendance aux financements extérieurs, les disparités réglementaires et la lente harmonisation tarifaire limitent l’émergence d’un marché concurrentiel intégré. La thèse conclut que l’électrification constitue un levier essentiel de développement et d’intégration régionale. Elle recommande de :

i) renforcer la gouvernance des entreprises publiques et la régulation
indépendante,

ii) instaurer des politiques tarifaires viables et transparentes,

iii) accélérer la construction
d’interconnexions régionales

iv) intégrer les énergies renouvelables dans les mix énergétiques.