Le lundi 7 novembre a eu lieu un Workshop réunissant les principaux acteurs du projet INTERSOINS et créant davantage de liens entre le monde de la recherche et celui des acteurs de la santé du Grand Est. Le projet de recherche INTERSOINS a réuni un groupe de chercheuses et chercheurs afin de dégager les principales difficultés rencontrées dans la coordination des parcours et mettre en lumière les différents leviers et initiatives prises par les professionnels pour y répondre.
L’analyse de l’organisation des parcours de soins complexes nous éclaire sur certains axes d’améliorations de l’activité de coordination pluriprofessionnelle.
Malgré l’inscription dans des lois successives dont « Ma santé 2022 » pour ne citer que la plus récente, et l’incitation à développer des dispositifs visant à améliorer la coordination du parcours de soins, les patients tout comme les professionnels de santé déplorent un système qui se dégrade et des changements lents malgré des innovations locales.
Le lundi 7 novembre s’est tenu un Workshop autour du projet INTERSOINS qui a permis de conforter les liens entre le monde de la recherche et celui des acteurs de la santé du Grand Est.
Le projet de recherche INTERSOINS porté par Delphine Wannenmacher (CEREFIGE, Université de Lorraine) et financé par le CPER Ariane avec le soutien du FEDER, la Maison des Sciences de l’Homme de Lorraine et le Pôle Scientifique SJPEG de l’Université de Lorraine, a réuni des chercheurs du CEREFIGE et du BETA. L’objectif du projet était de mettre en exergue les principales difficultés rencontrées dans la coordination des parcours de soins des patients, mais aussi de mettre en lumière les différents leviers et les initiatives prises par les professionnels de santé pour dépasser ces difficultés. Les échanges lors du workshop ont montré la convergence des intérêts et motivations des acteurs scientifiques et professionnels mais aussi des patients et de leurs familles, convaincus qu’un travail conjoint pourra engendrer de réels changements au niveau sociétal en matière de santé. Plusieurs constats relatifs à la coordination pluriprofessionnelle des parcours ont été dressés.
Les principaux constats de l’étude.
L’initiative de recherche, portée par un des 6 axes scientifiques prioritaires du CEREFIGE « Health&Care » s’est appuyée sur 49 entretiens qualitatifs menés auprès de différents types de professionnels, de structures coordonnées et de patients et d’un questionnaire quantitatif réalisé par le BETA. Il ressort de l’étude divers disfonctionnements qui alourdissent l’état actuel de saturation du système de soin. Pour ne citer que les principales dimensions des activités concernées, les chercheuses présentes pointent un problème de partage de l’information :
- La plupart des bilans ne se transmettent pas (ou trop tardivement) et ne permettent pas une coordination suffisamment en amont pour préparer le suivi des patients, notamment en sortie d’hospitalisation. Les systèmes d’informations actuellement disponible ne permettent pas une coordination entre les différentes structures entrainant un phénomène de silos.
- Le manque de temps des médecins pour évaluer au domicile allié à un problème de formation et de sensibilisation aux dimensions sociales et médicosociales posent des difficultés d’évaluation du patient et donc d’orientation vers les professionnels/structures compétentes.
- La complexité de l’écosystème de santé nécessite une cartographie et un annuaire régulièrement mis à jour, moyennant encore une fois le manque de ressources humains pour y parvenir.
- Les parents d’enfants atteints de TND (troubles neuro développementaux) se retrouvent seuls pour coordonner un parcours complexe pour le quel la moindre erreur d’aiguillage entraine une perte de temps considérable sachant que les structures dédiées sont saturées.
L’intervention du Dr Bronner et les perspectives d’avenir du projet de recherche.
Fort de ces constats effectués par les deux laboratoires le président de l’URPS ML (Unions régionales de professionnels de santé médecins libéraux) et médecin Claude Bronner a mis l’accent sur une réalité qu’il connait bien au travers de nombreuses années de pratiques : pour permettre aux professionnels de mieux se coordonner il faudrait « moins de réforme et plus de terrain ». Certaines réformes entrainent des transformations organisationnelles qui obligent les professionnels à changer trop souvent de modèles de coordination et à abandonner des pratiques qui fonctionnaient pourtant très bien. En effet, différentes initiatives prises par des MSP1, HAD2 et autres CCTS3 permettent de gérer l’information et de coordonner les acteurs, d’effectuer des visites à domicile en binôme et d’améliorer l’évaluation, ou encore de diligenter des équipes mobiles pour améliorer la vigilance des personnes à risques. Il demeure difficile de se faire connaitre et de transférer ces pratiques à d’autres territoires alors qu’elles permettent de prendre en charge les personnes, si ce n’est de les réinsérer dans le système de santé en leur trouvant un médecin.
Ces initiatives intéressent les chercheurs qui espèrent pouvoir continuer de travailler ensemble pour porter la voix des patients et des professionnels et aboutir à un réel nouveau paradigme de prise en charge en valorisant ce qui fonctionne et permet de prodiguer des soins de qualité. Le Workshop a donc confirmé le besoin de travailler conjointement entre professionnels et universitaires afin de trouver ensemble les solutions qui feront la différence au niveau sociétal en matière de santé.
CPER Ariane 2019 (vague 6) » est cofinancée par l’Union européenne dans le cadre du Programme opérationnel FEDER-FSE Lorraine et Massif des Vosges 2014-2020.
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Article issu du site Factuel